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Fruits et légumes bio: la grande distribution impose-t-elle vraiment des surmarges?
information fournie par Le Figaro 22/08/2019 à 13:54

Fruits et légumes bio: la grande distribution impose-t-elle vraiment des surmarges? (Crédit Photo: Alexandr Podvalny - Unsplash)

Fruits et légumes bio: la grande distribution impose-t-elle vraiment des surmarges? (Crédit Photo: Alexandr Podvalny - Unsplash)

L'UFC-Que Choisir assure dans une étude que les enseignes pratiquent des marges 75% plus élevées sur leurs fruits et légumes bio que sur leurs produits issus du conventionnel. La vérité est en fait plus nuancée.

Le bio a le vent en poupe. Entre 2016 et 2018, la valeur des achats de produits biologiques a grimpé de 36%, selon l'Agence bio. Face aux différentes alertes sur les risques sanitaires des produits conventionnels, de plus en plus de Français se tournent vers les produits bio, ce qui augmente naturellement la valeur des ventes en grande distribution (part de marché en hausse de 45 à 49% sur la période). Or, selon une étude de l'UFC-Que Choisir, la grande distribution jouerait de cette évolution pour gonfler ses marges et ainsi «matraquer» le consommateur. Selon l'association de défense des consommateurs, leurs marges sur les fruits et légumes bio sont en moyenne 75% supérieures à celles appliquées aux produits conventionnels. Un écart très important, que l'association évaluait déjà à 79% en 2017.

Comment les fruits et légumes français font face à la concurrence étrangère

Pour parvenir à ce résultat, l'UFC a travaillé sur la base des cotations officielles publiées pour 24 fruits et légumes, réalisées par le Réseau des nouvelles des marchés. Ainsi, on y apprend que les marges sur l'oignon, l'ail ou la carotte sont les mêmes (en valeur) en bio et en conventionnel. En revanche, des «surmarges» seraient appliquées sur «les produits les plus consommés». Par exemple, la marge sur la vente d'un kilo de pommes grimpe de 149% si celles-ci sont bio et de 165% pour les poireaux remplissant ce même critère.

Le taux de marge est plus important sur l'agriculture conventionnelle

Si ces chiffres sont exacts, ils masquent tout de même une réalité plus nuancée. En effet, le prix agricole d'un fruit ou légume bio est, de base, plus élevé que celui d'un même produit issu de l'agriculture conventionnelle. L'UFC-Que Choisir mentionne d'ailleurs ce point et chiffre cette différence à 70%. Ainsi, le coût plus élevé d'un produit entraînera proportionnellement une marge supérieure.

Pour savoir si la grande distribution impose réellement des surmarges sur certains produits, il serait plus adéquat de calculer le taux de marge brute des produits, c'est-à-dire la part du prix en pourcentage qui représente la marche réalisée. Selon l'UFC, le budget annuel d'un ménage consommant des fruits et légumes bio (estimé à 657 euros) se divise en trois parties: 335 euros de prix agricole, 287 euros de marge brute et 35 euros de TVA à 5,5%. On tombe alors sur un taux de marge de 85%, hors TVA. Puis, pour un panier issu de l'agriculture conventionnelle, l'association sépare les chiffres ainsi: 186 euros de prix agricole, 173 euros de marge brute et 20 euros de TVA à 5,5%. Le taux de marge grimpe alors à 93%, hors TVA. En comparant ces deux chiffres, on voit alors que le taux de marge appliqué aux produits de l'agriculture conventionnelle est plus élevé que celui appliqué aux produits issus de l'agriculture biologique, même si en valeur, la grande distribution fera une marge plus importante sur les produits bio. En outre, il est vrai que sur certains produits, comme la pomme, le taux de marge brute est supérieur du côté du bio.

L'étude demande de modifier le taux de marge sur l'agriculture bio

L'UFC-Que Choisir évoque d'ailleurs ce biais à la fin de son étude et tente alors de justifier son propos. «Car si le taux de marge est désormais légèrement inférieur pour le bio, il ne faut pas s'y tromper: pour les consommateurs, ce qui compte n'est pas le taux de marge, mais bien le montant de marge dont ils doivent s'acquitter». L'association de défense des consommateurs reproche alors aux grandes surfaces d'appliquer «un taux de marge proche de celui appliqué aux produits conventionnels qui se traduit immanquablement par une marge en euros bien supérieure sur le bio».

Dans son étude, l'association estime enfin que «si la grande distribution appliquait au bio la même marge qu'en conventionnel, le budget annuel d'une consommation de fruits et légumes bio diminuerait de 18%, soit 121 euros d'économie par ménage». Cela est vrai, mais dans ce cas-là le taux de marge brut pour les produits bio chuterait sous les 50%, soit près de deux fois moins que le taux de marge des produits issus de l'agriculture conventionnelle. Il semblerait finalement, dans ce cas précis, que la fixation des marges par la grande distribution n'obéisse pas à un arbitraire mais bien aux règles des mathématiques.

1 commentaire

  • 22 août 19:19

    Pourquoi est-ce uniquement Le Figaro dont les articles sont repris alors que pour le Parisien, l'article est tronqué pour qu'on aille sur leur site ... Y aurait-il une opposition au Figaro ?


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